résumé ?Le fédéralisme militant, tel qu'il apparaît dès l'après-guerre, ne peut que trancher par rapport à un européisme majoritairement modéré, dans la mesure où il réclame d'emblée la constitution d'une société véritablement intégrée au niveau européen: son principal représentant, l'Union européenne des Fédéralistes (créée en décembre 1946), entre tout de suite ‘en résistance’ face à des groupes plus prestigieux, qui vont être à la base de la création du Mouvement Européen. L'UEF doit alors défendre son originalité dans une période qui ne semble pas propice aux succès de ses idées. Cette persévérance a permis au mouvement fédéraliste de devenir le mouvement le plus à la pointe du combat européen et le plus écouté de ses pairs, à partir du moment où l'idée d'intégration n'est plus aussi marginale, avec le Plan Schuman puis le projet de CED, auquel vient s'ajouter très vite celui de CPE. L'influence fédéraliste se fait alors sentir à travers des débats, des discours, des faits qui semblent donner raison à la logique intégratrice. La désillusion n'en sera que plus forte lorsque sera perpétré le ‘crime du 30 août’, qui relègue toutes ces hautes priorités au rayon des utopies. Le mouvement a-t-il réellement été entendu des gouvernements, les seuls à même de transformer l'idée en réalité ? On peut remarquer, dans notre courte période, un élargissement de sa sphère d'influence. Cette fonction de ‘conseillers’, dans laquelle les fédéralistes excellent de plus en plus, évolue elle-même avec le temps, de la simple préparation psychologique à l'idée européenne, à laquelle l'UEF n'est pas seule partie prenante, à la fonction d'‘éminence grise’, qui permet au mouvement de contribuer à changer l'esprit du traité politique européen le plus audacieux, celui de la Communauté politique européenne (article 38). Il convient de s'interroger sur le rôle de la conjoncture internationale dans cette évolution. Celle-ci est en effet consubstantielle à l'histoire de l'UEF, comme elle l'est à l'idée d'Europe dans l'après-guerre: c'est la Guerre froide qui rétrécit l'espace européen susceptible de s'unir, mais qui l'érige en espoir. Les fédéralistes, surpris de cette aubaine, sauront en profiter et trouver les bons interlocuteurs. L'impression dominante est cependant que l'action fédéraliste, qui va effectivement profiter des grands débats européens qui émaillent la première moitié des années cinquante, ne repose pas sur des bases bien stables. Peut-être est-ce du à l'hétérogénéité trop importante du Fédéralisme, dont le ‘front commun’ ne pouvait pas sérieusement résister aux aléas et aux révisions constantes entraînés par un contexte dramatique qui échappe aux Européens eux-mêmes. 相似文献